Qu’est-ce-que le cancer de l’endomètre ?

Un peu d’anatomie

L’utérus est un muscle creux en forme d’entonnoir

A- Sa partie haute et large constitue le corps de l’utérus

B- Sa partie basse et étroite constitue le col de l’utérus

C- Il est prolongé à sa partie supérieure par les trompes de Fallope et les ovaires

D- Il communique par sa partie inférieure avec le vagin

L’utérus est parcouru de vaisseaux sanguins et de vaisseaux lymphatiques. Les vaisseaux lymphatiques sont reliés à des ganglions au niveau du pelvis (ganglions pelviens) ainsi qu’au niveau des ganglions situés dans l’abdomen autour de l’Aorte (ganglions lombo-aortiques)

Le corps de l’utérus renferme la cavité utérine. Son épaisse paroi est composée de trois couches distinctes :

A- la séreuse en externe

B- une couche de muscle, le myomètre

C- une couche muqueuse interne, l’endomètre
    (c’est la partie où se déroule la grossesse)

Le cancer du corps de l’utérus se développe majoritairement à partir de cellules de l’endomètre initialement normales qui vont pousser de façon anarchique jusqu’à former une tumeur. (Nous n’aborderons pas les tumeurs beaucoup plus rares qui se développent à partir du tissu conjonctif ou du myomètre, sarcomes et léïomyosarcome).

Il est important de ne pas confondre cancer du corps de l’utérus et cancer du col de l’utérus car leur prise en charge est totalement différente.

Au départ, les cellules cancéreuses sont d’abord peu nombreuses et limitées à l’épithélium de l’endomètre ; on parle de cancer in situ.

Si aucun traitement n’est mis en place, les cellules cancéreuses franchissent la limite de l’épithélium. La tumeur s’étend plus profondément dans la paroi de l’utérus, dans le tissu conjonctif de l’endomètre, puis dans le myomètre. On parle alors de cancer invasif.

Le cancer de l’endomètre est le plus fréquent des cancers gynécologiques après le cancer du sein.

Il touche généralement les femmes après la ménopause, la moyenne d’âge au moment du diagnostic est de 68 ans.

Il est associé à un bon pronostic lorsqu’il est diagnostiqué à un stade localisé (70% des patientes)

Quels sont les facteurs de risque ?

• L’obésité,

• Le diabète,

• Un traitement par tamoxifène

• Plus rarement une prédisposition génétique, le syndrome de Lynch ou syndrome HNPCC (2 à 5 % des cancers de l’endomètre)

Comment est-il détecté et diagnostiqué ?

Quels sont Les symptômes ?

Après la ménopause : les signes cliniques principaux sont les saignements même très modérés

Avant la ménopause ce qui arrive très rarement, il s’agit de saignements en dehors des périodes de règles.

Quels examens para clinique faut-il réaliser ?

• Un frottis cervico-vaginal s’il n’est pas récent ou en fonction de l’aspect du col au spéculum (afin d’éliminer un cancer du col utérin).

• Une échographie pelvienne pouvant montrer un épaississement de l’endomètre

• Une hystéroscopie diagnostique en consultation avec biopsie dirigée et/ou une hystéroscopie avec curetage de l’endomètre sous anesthésie.

• Une IRM abdomino-pelvienne.

L’ensemble des examens du diagnostic permet de caractériser chaque cancer et de définir notamment le type de cellules impliquées (le type histologique), le degré d’agressivité de la tumeur (son grade), la profondeur de la tumeur dans la paroi du corps de l’utérus, son extension éventuelle aux organes voisins de l’utérus et son extension éventuelle aux ganglions où à des organes plus éloignés.

Que se passe-t-il une fois le diagnostic de cancer de l’endomètre posé ?

Une prise en charge par une équipe de spécialistes pluridisciplinaires est réalisée pour vous accompagner, vous guider et vous conseiller dans toutes les phases de votre traitement

Un projet personnalisé de soins (PPS) est proposé à chaque patiente, il est décidé dans des réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP).

Le traitement du cancer de l’endomètre

Le cancer de l’endomètre est principalement traité par la chirurgie.

D’autres traitements peuvent être utilisés seuls ou être associés entre eux : la curiethérapie, la radiothérapie externe et, plus rarement, la chimiothérapie et l’hormonothérapie.

Le choix des traitements est adapté

• aux caractéristiques propres au cancer dont vous êtes atteinte qui sont déterminées par les examens du bilan diagnostique.

• à votre âge, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, votre état de santé global, aux contre-indications éventuelles à certains traitements.

Comment se passe le traitement chirurgical du cancer de l’endomètre ?

L’intervention la plus souvent pratiquée consiste en une hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale (ablation de l’utérus, des trompes et des ovaires).

En fonction du stade, du type histologique et du grade de la tumeur, cette intervention peut être complétée par d’autres gestes chirurgicaux, comme l’ablation des paramètres et d’une collerette du vagin, le retrait des ganglions lymphatiques ou celui de l’épiploon. Ces gestes complémentaires sont réalisés soit en même temps que la chirurgie de l’utérus soit ultérieurement lors d’une nouvelle intervention.

L’opération qui consiste à enlever les ganglions lymphatiques est appelée curage ganglionnaire ou lymphadénectomie.

Il s’agit de retirer soit les ganglions lymphatiques du pelvis (lymphadénectomie pelvienne), soit ceux qui sont situés dans la partie supérieure de l’abdomen le long de l’aorte (lymphadénectomie lombo-aortique), soit l’ensemble des ganglions de ces deux régions.

L’hystérectomie

Hystérectomie coelio-vaginale

(ne peut se faire que si l’utérus peut être extrait par les voies naturel sans ouverture) :

L’intervention débute par la coelioscopie. A l’aide d’une caméra et de plusieurs instruments introduits à travers des petites incisions de l’abdomen (mesurant chacune 5 à 10 mm), l’utérus, les ovaires et les trompes sont libérés de leurs attaches. Le deuxième temps opératoire permet à l’utérus d’être retiré par voie vaginale. Le vagin est refermé par un surjet de fils qui se résorbera en quelques semaines

Séjour : 3 à 4 jours. Arrêt de travail : 2 à 3 semaines.

Hystérectomie par laparotomie

(par voie haute) : L’intervention est réalisée par l’ouverture de l’abdomen, sur 10 à 15 cm. La cicatrice peut être horizontale (plus esthétique, sous la ligne des poils du pubis) ou verticale, médiane.

Séjour : 4 à 7 jours. Arrêt de travail : un mois.

La lymphadénectomie pelvienne et/ou lombo-aortique

Se fait soit par coelioscopie, soit par laparotomie, le plus souvent dans le même temps opératoire.

Y a-t-il des risques ou des inconvénients ?

L’hystérectomie est une intervention courante et bien maîtrisée dont le déroulement est simple dans la majorité des cas. Mais comme toute chirurgie, cette intervention peut comporter très exceptionnellement un risque vital ou de séquelles graves. Certains risques peuvent être favorisés par votre état, vos antécédents ou par un traitement pris avant l’opération. Il est impératif d’informer le chirurgien et l’anesthésiste de vos antécédents (personnels et familiaux) et de l’ensemble des traitements et médicaments que vous prenez.

En cours d'opération

La voie d’abord peut être modifiée selon les constatations faites au cours de l’intervention.

En effet, une ouverture de l’abdomen peut parfois s’avérer nécessaire alors que l’intervention était prévue par voie coelio-vaginale.

Des lésions d’organes de voisinage de l’utérus peuvent se produire de manière exceptionnelle : blessure digestives (intestin colon), des voies urinaires ou des vaisseaux sanguins, nécessitant une prise en charge chirurgicale spécifique.

Dans le cas exceptionnel d’hémorragie pouvant menacer la vie de la patiente, une transfusion sanguine ou de produits dérivés du sang peut être rendue nécessaire.

En post opératoire

Les douleurs post opératoires sont pris en charge avec perfusion systématique d’antalgique dans les 12 à 24 premières heures puis avec des comprimés antidouleur si nécessaire que vous prendrez si vous en ressentez le besoin, (Il est plus facile de prévenir l’apparition des douleurs que de les calmer).

Les infections du site opératoire peuvent apparaitre, elles sont rares et répondent généralement bien au traitement antibiotique, elles peuvent exceptionnellement nécessiter une reprise chirurgicale sous anesthésie au bloc opératoire.

Les infections de la paroi en cas de laparotomie ou de coelioscopie (abcès, hématome surinfecté) sont traités le plus souvent par des soins locaux avec une infirmière (à la clinique puis à domicile), elles peuvent parfois nécessiter une évacuation chirurgicale sous anesthésie au bloc opératoire.

Une cystite non rare est systématiquement recherchée par une analyse d’urine.

Les complications thrombo-emboliques (phlébite : formation d’un caillot dans une veine des jambes et embolie pulmonaire) sont prévenues par le port de bas de contention, le lever précoce et le traitement anticoagulant dont la durée vous sera précisée par votre chirurgien.

Les complications propres à la lymphadénectomie

L’apparition d’un écoulement de lymphe, liquide clair ressemblant a de l’urine ou un hématome au niveau de la plaie guérit le plus souvent avec des soins locaux. En cas de persistance, il faut consulter sans urgence son chirurgien.

L’apparition d’un lymphocèle, C’est une collection de lymphe dans l’abdomen ; sa survenue est fréquente et le plus souvent sans conséquence. Le lymphocèle est lié à l’interruption du drainage de la lymphe (par prélèvement des ganglions) et à son écoulement dans l’abdomen. Elle peut se révéler par une sensation de pesanteur abdominale, des douleurs sus-pubiennes ou des difficultés d’écoulement des urines.

S’il est rare qu’un lymphocèle se complique, elle peut parfois s’infecter ou comprimer un organe pelvien. Une intervention est nécessaire pour évacuer ce liquide, soit par ponction à travers la peau (sous échographie ou sous scanner) avec souvent mise en place pour quelques jours d’un drain externe, soit par chirurgie pour assurer le drainage du lymphocèle.

L’opération du cancer de l’utérus en pratique

Une consultation pré-anesthésique doit être réalisée systématiquement avant toute intervention.

Le plus souvent, vous serez hospitalisée la veille de l’opération.

Votre dossier est recontrôlé par l’équipe soignante.

Après une éventuelle prémédication (tranquillisant), vous serez conduite au bloc opératoire.

Une perfusion sera posée (petit tuyau dans une veine pour passer les médicaments nécessaires à votre anesthésie et à votre intervention).
Votre dossier est de nouveau vérifié par l’équipe chirurgicale qui vous posera des questions sur votre identité, le type de chirurgie prévue… selon la « check-list opératoire» mise en place dans tous les bloc opératoire de France pour améliorer votre sécurité.
Vous serez installé dans la salle d’intervention, et commencera votre anesthésie.

Une perfusion intraveineuse est généralement laissée en place pour quelques heures. Elle vous apporte des calmants et assure une sécurité si un médicament doit être injecté en urgence.

Juste après l’intervention, vous séjournerez en salle de réveil, puis un brancardier vous ramènera dans votre chambre.

Des antalgiques (calmants) sont prescrits si besoin. 

La sonde urinaire sera retirée le plus souvent le lendemain de l’intervention.

Un petit drain (tuyau) est parfois mis en place pour quelques jours sous la paroi de l’abdomen surtout en cas de lymphadénectomie.

Un saignement vaginal modéré est banal au cours de la période postopératoire.

En fonction de votre intervention, un repas léger pourra vous être servi le soir selon votre appétit.

La sortie est en fonction du type de votre intervention, L’hospitalisation dure habituellement de 4 à 6 jours

Des douches sont souhaitables après l’opération mais il est recommandé d’attendre la consultation post-opératoire avant de prendre des bains (baignoire, piscine ou mer).

Après la sortie

Il est recommandé d’informer votre médecin de famille de cette intervention et de votre arrivée au domicile ; il vous connaît bien et saura adapter vos traitements éventuels et vous informer si nécessaire.

Un arrêt de travail est généralement prescrit pour une durée de 3 à 4 semaines.

Une ordonnance d’antalgique et d’anticoagulant vous est remise

Le compte rendu opératoire vous est le plus souvent remis ainsi qu’un bulletin d’hospitalisation

Un rendez-vous post opératoire est fixé 3 à 4 semaines après la chirurgie

Il est recommandé d’attendre la visite post-opératoire, un mois après l’opération pour reprendre une activité sexuelle vaginale.

Il est recommandé de ne pas pratiquer d’activité sportive jusqu’à la visite post opératoire.

Après votre retour à domicile, si des douleurs, des saignements, des vomissements, de la fièvre, une douleur dans les mollets ou toute autre anomalie apparaissent, il est indispensable de nous contacter.